Francis POULENC Cinq poèmes dApollinaire Bruno LAPLANTE et Marc DURANDmov
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0:00 Dans le jardin d'Anna • 3:25 Allons, plus vite • 6:10 Montparnasse • 9:30 Rosemonde • 11:10 Bleuet • Enregistrement du 13 novembre 1979 - • Bruno LAPLANTE, baryton et Marc DURAND, pianiste. • Available - Disponible - [email protected] • _____________ • DANS LE JARDIN D'ANNA • Certes si nous avions vécu en l'an dix-sept cent soixante • Est-ce bien la date que vous déchiffrez, Anna, sur ce banc de pierre • Et que par malheur j'eusse été allemand • Mais que par bonheur j'eusse été près de vous • Nous aurions parlé d'amour de façon imprécise • Presque toujours en français • Et pendue éperdûment à mon bras • Vous m'auriez écouté vous parler de Pythagoras • En pensant aussi au café qu'on prendrait dans une demi-heure • Et l'automne eût été pareil à cet automne • Que l'épine-vinette et les pampres couronnent • Et brusquement parfois j'eusse salué très bas • De nobles dames grasses et langoureuses • J'aurais dégusté lentement et tout seul • Pendant de longues soirées • Le tokay épais ou la malvoisie • J'aurais mis mon habit espagnol • Pour aller sur la route par laquelle • Arrive dans son vieux carrosse • Ma grand-mère qui se refuse à comprendre l'allemand • J'aurais écrit des vers pleins de mythologie • Sur vos seins, la vie champêtre et sur les dames • Des alentours • J'aurais souvent cassé ma canne • Sur le dos d'un paysan • J'aurais aimé entendre de la musique en mangeant • Du jambon • J'aurais juré en allemand je vous le jure • Lorsque vous m'auriez surpris embrassant à pleine bouche • Cette servante rousse • Vous m'auriez pardonné dans le bois aux myrtilles • J'aurais fredonné un moment • Puis nous aurions écouté longtemps les bruits du crépuscule • _______________________ • ALLONS PLUS VITE • Et le soir vient et les lys meurent • Regarde ma douleur beau ciel qui me l'envoies • Une nuit de mélancolie • Enfant souris ô soeur écoute • Pauvres marchez sur la grand-route • O menteuse forêt qui surgis à ma voix • Les flammes qui brûlent les âmes • Sur le Boulevard de Grenelle • Les ouvriers et les patrons • Arbres de mai cette dentelle • Ne fais donc pas le fanfaron • Allons plus vite nom de Dieu • Allons plus vite • Tous les poteaux télégraphiques • Viennent là-bas le long du quai • Sur son sein notre République • A mis ce bouquet de muguet • Qui poussait dru le long du quai • Allons plus vite nom de Dieu • Allons plus vite • La bouche en coeur Pauline honteuse • Les ouvriers et les patrons, • Oui-dà oui-dà belle endormeuse • Ton frère • Allons plus vite nom de Dieu • Allons plus vite • ________________________ • MONTPARNASSE • Ô porte de l'hôtel avec deux plantes vertes • Vertes qui jamais • Ne porteront de fleurs • Où sont mes fruits? Où me planté-je? • Ô porte de l'hôtel un ange est devant toi • Distribuant des prospectus • On n'a jamais si bien défendu la vertu • Donnez-moi pour toujours une chambre à la semaine • Ange barbu vous êtes en réalité • Un poète lyrique d'Allemagne • Qui voulez connaître Paris • Vous connaissez de son pavé • Ces raies sur lesquelles il ne faut pas que l'on marche • Et vous rêvez • D'aller passer votre Dimanche à Garches • Il fait un peu lourd et vos cheveux sont longs • Ô bon petit poète un peu bête et trop blond • Vos yeux ressemblent tant à ces deux grands ballons • Qui s'en vont dans l'air pur • À l'aventure. • ________________________ • ROSEMONDE • Longtemps au pied du perron de • La maison où entra la dame • Que j'avais suivie pendant deux • Bonnes heures à Amsterdam • Mes doigts jetèrent des baisers • Mais le canal était désert • Le quai aussi et nul ne vit • Comment mes baisers retrouvèrent • Celle à qui j'ai donné ma vie • Un jour pendant plus de deux heures • Je la surnommai Rosemonde • Voulant pouvoir me rappeller • Sa bouche fleurie en Hollande • Puis lentement je m'en allai • Pour quêter la Rose du Monde • _______________________ • BLEUET • Jeune homme • De vingt ans • Qui as vu des choses si affreuses • Que penses-tu des hommes de ton enfance • Tu connais la bravoure et la ruse, • Tu as vu la mort en face plus de cent fois • Tu ne sais pas ce que c'est que la vie • Transmets ton intrépidité • À ceux qui viendront • Après toi • Jeune homme • Tu es joyeux, ta mémoire est ensanglantée • Ton âme est rouge aussi • De joie • Tu as absorbé la vie de ceux qui sont morts près de toi • Tu as de la décision • Il est 17 heures et tu saurais • Mourir • Sinon mieux que tes aînés • Du moins plus pieusement • Car tu connais mieux la mort que la vie • Ô douceur d'autrefois, • Lenteur immémoriale.
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