La raison et les normes conférence Pierre Macherey

>> YOUR LINK HERE: ___ http://youtube.com/watch?v=gGldhco-JcY

A première vue, les notions de raison et de normes sont appariées. Normaliser, normer, c’est unifier un divers conformément à un idéal de rectitude qui inspire toute opération menée sous la conduite de la raison. Se référer à une norme, c’est réunir les conditions nécessaires à un état normal c’est-dire ce qui tombe droit. Il existe de multiple façon de dévier par rapport à une norme. Ramener un divers à l’unité, c’est l’exigence de base de toute intervention de la raison dans le monde. La norme est au service de la raison. Toutefois, cette première caractérisation de la relation raison-norme, où la norme descend dans le réel, soulève un problème : qui dit limite dit blocage. L’idéal d’unicité ôte toute capacité d’innovation. A être trop normal est-ce qu’on ne s’expose pas à cesser de l’être. Georges Canguilhem parlait de « maladie de l’homme normal » : la maladie qui nait de la privation de la maladie. L’homme en santé est privé de la possibilité d’éradiquer cette perspective. Etre dans la norme, c’est un état provisoire dont la stabilité est relative. Le principe d’adaptation s’exerce sur fond de renoncement : il y un prix à payer pour le respect des normes. Même si on présente cette perte comme un moindre mal, c’est aussi un abandon et une victoire. Le « clavecin bien tempéré » de Bach ne laisse aucune place à l’écart de ton. Il existe une action en retour des normes sur la raison quand elles sont les formes tendancielles de sa réalisation. N’y a-t-il de raison que pour ou par les normes ? Le mot latin « norma » est d’usage restreint pour nommer l’équerre. L’extension s’est fait au XVIIIe siècle avec l’industrialisation qui produit une société de la norme comme le disait Foucault. Entre la raison et les normes apparait une possibilité d’écart. Si les normes ont le pouvoir de représenter la raison c’est en lui imposant une torsion dans un certain sens. Quelle sorte de raison configure les normes ? Il se pourrait que le rapport de la raison aux normes pourrait être celle de la dialectique hégélienne de la conscience, celle du maitre à l’esclave. La logique d’intervention des normes est une logique pratique. La raison n’est pas une raison pure, dégagée de l’expérience : c’est une raison qui vient d’en bas, du cours des choses. Les obligations des normes ne sont pas celles des lois : réguler ce n’est pas régler comme on plaque une grille extérieure. C’est attribuer à la règle un pouvoir constituant. L’action des normes est objective en conformité avec l’ordre des choses et subjective en configurant à ses fins propres. La loi c’est la loi qui tire sa valeur d’elle-même. La loi est obligation formelle. La loi demande à être obéie mais n’attend pas de réponse. De son « ti dois » la raison tire un « tu peux » mais ne peux exiger un « tu fais ». Il en va autrement de la norme qui n’est pas un impératif. La norme est un ordre en cours de déploiement. Imposer une forme à une matière parait être à sens unique où la matière serait neutre. Mais cette neutralité est produite. Il n’y a pas d’opération technique pure où les rapports de travail sont des rapports de force. La raison qui guide la force des normes font coïncider les figures de l’expérience avec les normes. La société autorégulée de Foucault au milieu de XVIIIe siècle est pris dans la relation capital-travail. Le capitalisme est fondée sur l’exploitation de la force de travail sous la forme du salariat : il faut produire la force de travail de l’ouvrier. Cette force est un artefact. Le marché est chargé de stabiliser l’ordre du capitalisme. La force de travail devient chose pour être aliénable et exploitable. • Cette vidéo est un extrait de la conférence dont l’intégralité est disponible ici : https://webtv.univ-lille.fr/video/484... • Cette mise en ligne n'a qu'un but, assurer une plus large diffusion de cette conférence sur les moteurs de recherche.

#############################

New on site